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Microaggressions: Le quotidien « Compliments » pour les minorités

Je suis un produit de mon environnement, et mon environnement me fait toujours remettre en question ma réalité. Étais-je trop sensible ou émotive ? 

J’ai connu des insultes raciales et religieuses telles que d’être appelé un « paki » ou un « terroriste » à seulement 9 ans. Ce sont des termes horribles et désobligeants, et bien sûr, quelconque recevant ces messages serait offensé. Cependant, une microaggression est beaucoup plus subtile, et donc beaucoup plus difficile à traiter parce qu’elle n’est pas aussi évidente. « C’est une insulte enveloppée dans un compliment. » 

Mais ces compliments reversés sont, en termes simples, horribles. Je me souviens d’avoir eu ce sentiment troublant dans mon estomac; j’étais assise dans une pièce pleine de gens où cette personne prononçait délibérément des mots religieux. Ils ont trouvé de l’humour dans leur boucherie. Je me sentais paralysée, et incapable d’être conflictuelle malgré chaque fibre de mon être criant: « Dites quelque chose! Faites n’importe quoi! » Je ne savais pas si quelqu’un d’autre dans la pièce partageait les mêmes sentiments que moi. Ou s’ils ont entendu la même chose que moi. Le pire dans cette situation, c’est que lorsque j’ai finalement eu le courage d’y répondre, mes sentiments et ma voix ont été rejetés par cette déclaration récurrente: « C’était juste une blague ». Je ne savais pas comment dire à cette personne qu’imiter la culture ou la religion de quelqu’un ou l’utiliser comme punchline n’est pas correct. C’est une forme de racisme.

Ces commentaires off-hand, ou « blagues » faites au détriment d’une identité culturelle sont des microaggressions. Toutes ces années à cause de ces microaggressions, je me suis sentie aliénée, exclue et invalidée, à plusieurs reprises. L’inconfort est un euphémisme, les microaggressions sont déshumanisantes. Ils ne font pas que blesser vos sentiments, ils vont beaucoup plus loin que cela. Vous êtes mis dans une boîte basée sur ce que les gens perçoivent de vous et ils ne semblent pas vous percevoir d’une autre manière.    

Les microaggressions se construisent au sein de notre société, – de la couleur des pansements aux possibilités d’emploi, et au-delà – et cela se produit depuis la nuit des temps. Mon inconfort et ma colère étaient (et sont) valides, mais alors pourquoi personne ne peut entendre des gens comme moi? En tant que femme de couleur, il est difficile de faire entendre votre voix parce que les structures, les systèmes ou tout simplement les individus plus enclins à transmettre des microaggressions font partie des groupes privilégiés de la société. 

Une solution à cette question est de continuer à éduquer, en écrivant, en ayant des discussions et en lisant à ce sujet. Avoir ceux qui passent par ces expériences au centre des conversations est crucial pour tout changement à se matérialiser. Maintenant que nous connaissons les microaggressions et ce qu’elles sont, il est temps pour nous d’en parler parce que nos sentiments sont valides. Et pour ceux qui n’ont jamais remis en question s’ils transmettent des microaggressions, commencez par ne pas rejeter d’autres personnes lorsqu’ ils vous disent que vous avez tort, informez-vous et essayez de comprendre pourquoi.

À propos de l’auteur:

Afiyat Jahan est une majeure en marketing de quatrième année et coprésidente de la John Molson Marketing Association de l’Université Concordia. Elle a toujours eu la passion de s’exprimer par l’écriture et la parole. En tant que femme musulmane d’Asie du Sud vivant au Québec, elle connaît l’impact du racisme systémique et croit qu’il est important d’en parler en incluant les voix qui comptent vraiment.